Le gaz est une belle énergie propre et verte.
Quel regard la FNSEA porte-t-elle sur la méthanisation ?
Christiane Lambert : Nous nous y intéressons depuis plus de dix ans. Au départ, l’objectif était de valoriser les déchets agricoles et de tisser des liens dans les campagnes autour de cette activité nouvelle. Aujourd’hui, la méthanisation nous permet en plus d’être acteurs de la transition énergétique, ce dont je me félicite. De nombreuses exploitations mesurent déjà leur empreinte carbone. Et certaines parviennent même, grâce au gaz et à d’autres sources d’énergies renouvelables, à devenir autonomes en énergie…
Comment la FNSEA soutient-elle la filière du gaz renouvelable ?
Nous travaillons avec tous les acteurs de la méthanisation via notre groupe « énergie et climat » présidé par Olivier Dauger. Nous avons aussi cofondé l’association France Gaz Renouvelables. La FNSEA veut faire entendre sa voix dans chaque négociation politique. Mettre en place un projet de méthanisation reste encore trop souvent un parcours du combattant ! C’est long et ça coûte cher, de 3 à 5 M€ en moyenne d’investissement, alors même que les subventions se tarissent. Et les banques, quant à elles, demandent entre 15 et 30 % de fonds propres, subventions comprises.
Quelles sont vos demandes ?
Le grand plan d’investissement pour l’agriculture annoncé par le Premier ministre en 2017 a prévu un fonds de prêts à la méthanisation de l’ordre de 100 M€. Mais ce n’est pas suffisant. Il faut aussi préserver les tarifs d’achat du gaz sur 15 ou 20 ans et maintenir la dérogation accordée sur la TICPE[1]. Par ailleurs, je rappelle qu’un projet de méthanisation agricole sur deux se voit opposer un recours devant les tribunaux. Les pouvoirs publics doivent nous aider à briser les préjugés. Nos projets ont du sens et sont complémentaires de ceux portés par d’autres opérateurs. Il faut soutenir et accompagner les initiatives locales !
Je suis impressionnée par le professionnalisme
des porteurs de projet. »
Christiane Lambert, présidente de la FNSEA : Née en 1961 à Massiac (Cantal), Christiane Lambert est fille d’agriculteurs. En 1989, aux côtés de son mari, elle devient éleveuse de porcs dans le Maine-et-Loire. Après avoir milité au sein des Jeunes Agriculteurs (JA), Christiane Lambert rejoint la FNSEA dont elle devient présidente en 2017. Elle promeut une agriculture raisonnée et écologique.
La FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles), fondée en 1946, est le syndicat professionnel majoritaire dans la profession agricole.
[1] Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques